Gaza : du Vatican à Paris et Berlin, une Sainte Alliance des hypocrites pour sauver le soldat Schalit. Par CAPJPO-Europalestine.

Gaza : du Vatican à Paris et Berlin, une Sainte Alliance des hypocrites pour sauver le soldat Schalit

Par CAPJPO-EuroPalestine

Publié le 26-06-2006

Dans la nuit de dimanche à lundi, l’armée israélienne a perpétré une nouvelle vague d’enlèvements dans les territoires palestiniens occupés, arrêtant 17 jeunes hommes de Naplouse.

Après passage à tabac et interrogatoires raffinés dans des lieux tenus secrets, sans possibilité aucune de communiquer et sans même bien souvent qu’aucune incrimination ne leur soit notifiée, ces jeunes iront rejoindre les 10.000 otages palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

Le raid nocturne des occupants à Naplouse a été rapporté par les médias palestiniens ; il a fait deux petites lignes dans les journaux israéliens, et pas un mot ailleurs dans le monde occidental.

Mais qui ne connaît désormais, sous toutes les latitudes, le visage du soldat Schalit ? Du Vatican au Quai d’Orsay, en passant par la Maison-Blanche et le 10 Downing Street, les chancelleries du monde entier rivalisaient lundi, sous la houlette de la propagande israélienne, pour exiger la libération de ce conscrit de l’armée d’occupation, que des combattants palestiniens, des « terroristes » en somme, ont eu l’impudence de capturer, dimanche matin, lors d’une opération militaire aux abords de la bande de Gaza.

Faisant preuve d’audace et de courage, un commando palestinien a en effet réussi, dimanche matin, après avoir percé un tunnel souterrain de plusieurs centaines de mètres, à sortir de cette prison à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza, et à faire un peu payer, pour une fois, le prix du sang, à une armée qui asphyxie tout un peuple depuis des décennies.

Deux combattants palestiniens, ainsi que deux soldats israéliens, ont trouvé la mort au cours de cette attaque du point fortifié israélien de Keren Shalom, qui jouxte la bande de Gaza, tandis que le soldat Gilat Schalit était porté disparu. L’hypothèse privilégiée -encore que non confirmée de manière objective lundi à la mi-journée- étant qu’il a été blessé lors de l’assaut palestinien, et fait prisonnier par les résistants. Des « diplomates étrangers » en poste à Gaza, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, ont déclaré au Haaretz que Gilad Schalit était modérément blessé, et qu’il avait été soigné par des médecins palestiniens.

C’est peu de dire que le militarisme israélien n’apprécie pas du tout ce type de situation. Que les Palestiniens assiégés parviennent une fois de temps en temps, malgré l’effroyable disproportion des forces en présence, à rendre des coups à une armée confortablement installée dans ses blindés et ses casemates bétonnées représente en effet un premier camouflet. Mais qu’en plus, un Juif, un « jeune Juif » (le portrait de Gilad Schalit, avec ses lunettes de fort en math’s style Harry Potter a été instantanément diffusé aux rédactions du monde entier par les services de propagande de l’armée israélienne) soit tombé vivant entre les mains de ces « sauvages » que sont par définition les Palestiniens est carrément intolérable.

Aux premières rumeurs, selon lesquelles le groupe palestinien qui détiendrait Schalit (groupe qui ne s’était pas identifié, lundi après-midi, le chef du gouvernement Hamas, Ismael Hanyieh, ne revendiquant pas, pour sa part, l’action militaire) pourrait envisager de proposer la libération du soldat contre celle d’une partie des prisonniers palestiniens, notamment les femmes et les enfants, la direction israélienne a immédiatement répondu par la menace : « on ne négocie pas avec les terroristes », ont martelé les dirigeants israéliens toute la journée de dimanche, tout en déployant des centaines de tanks et de blindés sur le pourtour de la bande de Gaza, et en menaçant de mort les dirigeants du gouvernement palestinien membres du Hamas.

Ils ont ainsi montré leur profond mépris pour la vie humaine, y compris celle de Schalit, car il est évident (et plusieurs épisodes passés de tentatives ratées pour délivrer des prisonniers israéliens sont encore présents dans les mémoires) que la menace d’une intervention armée présente un danger accru pour le captif lui-même.

Mais les dirigeants israéliens, qui ne se gênent pas pour cracher à la figure du monde entier lorsque cela les arrange (voir leur fin de non recevoir à toutes les résolutions de l’ONU depuis des décennies), savent aussi qu’ils peuvent compter sur le soutien des puissances du monde entier dans leur déni du droit à l’existence du peuple palestinien.

Alors, c’est à l’étranger qu’on demande de « sauver le soldat Schalit ». Lundi matin, c’est la France qui a reçu le premier appel, lorsqu’il a été opportunément révélé que Gilad Schalit a deux nationalités, israélienne et française, parce que l’une de ses deux grand-mères était française. Mais plutôt que de s’interroger sur l’illégalité, pour un citoyen français, de servir une armée étrangère coupable de crimes de guerre continuels, les autorités françaises ont reçu 5/5 le message d’Ehud Olmert, et multiplié les déclarations affirmant qu’elles faisaient « le maximum » pour obtenir la libération du soldat.

Peu après, c’est le président israélien Katsav qui s’adressait au Vatican pour lui demander un petit coup de pouce divin, aussitôt accordé de bonne grâce par le nonce apostolique à Tel-Aviv. Bush, Rice, Merkel y allaient eux aussi de leurs trémolos, sans oublier la pitoyable prestation de Mahmoud Abbas, qui s’est permis de rendre par avance le gouvernement Hamas, qu’Abbas a pourtant lui-même nommé, responsable du sort du soldat Schalit !

A Gaza, la population craint le pire, bien sûr. Mais elle continue de résister. Et nous devons être plus que jamais à ses côtés.