Le Comité contre la torture de l’ONU réclame la fermeture de Guantanamo.

Le Comité contre la torture de l’ONU réclame la fermeture de Guantanamo

lefigaro.fr (avec AP et Reuters)

19 mai 2006

Deux semaines après avoir entendu la délégation américaine, un comité de l’ONU demande aux Etats-Unis, dans un rapport publié vendredi, l’éradication de la torture et la fermeture des prisons secrètes.

Les Etats-Unis doivent « prendre des mesures fermes pour éradiquer toute forme de torture et de mauvais traitements infligés à des détenus par ses personnels militaires ou civils, dans tous les territoires sous sa juridiction », déclare le rapport du Comité contre la torture des Nations Unies. Ce rapport de 15 pages pointe notamment du doigt certaines techniques d’interrogatoires américaines. En rappelant l’usage de chiens pour effrayer les prisonniers, le comité demande à l’administration de George W. Bush d’abolir « toute technique d’interrogatoire » susceptible de constituer une torture.

« Fermer Guantanamo Bay »

Dans un rapport préliminaire, le Comité de l’ONU avait dressé un véritable inventaire des techniques avérées ou supposées. Interrogatoires qui durent 20 heures d’affilée, positions douloureuses, isolement, privation sensorielle, aveuglement au moyen d’une cagoule, exposition à la chaleur et au froid, privations de nourriture et de sommeil, utilisation de chiens pour susciter la peur, déshabillage, rasage forcé, recours à des femmes pour conduire les interrogatoires, recours à des pratiques à caractère sexuel en tant que méthodes d’interrogatoire, contacts physiques et suppression des objets religieux... Autant de pratiques sur lequel les experts de l’ONU avaient demandé des éclaircissements. Autant de questions qui s’étaient invariablement heurtées à un mur de dénégations et d’arguties juridiques lors des auditions.

Le rapport final du comité rappelle aussi que les Etats-Unis devraient «  s’assurer que personne n’est détenu dans une prison secrète qui se trouverait de facto sous leur contrôle ». En ligne de mire, les prisons secrètes sur lesquelles les 10 experts indépendants qui composent le Comité avaient posé de nombreuses questions lors des auditions de la délégation américaine un mois auparavant. Les Etats-Unis doivent « arrêter de maintenir qui que ce soit en détention à Guantanamo Bay, et fermer ce centre de détention ».

Aucun pouvoir de sanction

Il est également du devoir des Etats-Unis d’enquêter et de révéler l’existence de ces prisons, ainsi que l’autorité sous laquelle elles ont été établies et la façon de laquelle les prisonniers y sont traités. « L’Etat partie doit reconnaître que détenir des personnes dans des installations secrètes constitue, en soi, un acte de torture ou un traitement ou un châtiment cruel, inhumain ou dégradant selon sa nature exacte, son objectif ou sa sévérité », estime le Comité. En clair, tout centre de détention secrète est par nature une violation de la Convention contre la torture.

Le Comité, qui n’a aucun pouvoir réel de sanction, estime que les Etats-Unis doivent assurer aux détenus de Guantanamo et des prisons secrètes un accès au système judiciaire normal, ou bien les relâcher. Il prend également les devants en ajoutant que ces détenus ne doivent pas être renvoyés dans un état où ils risqueraient d’être torturés.

Peu avant la publication du rapport de 15 pages du Comité, un juge américain rendait un jugement de 17 pages sur un cas de torture. Khaled el-Masri, Allemand d’origine libanaise avait porté plainte contre l’ex-patron de la CIA, George Tenet, au motif que l’agence de renseignement l’aurait enlevé et torturé. Le juge l’a débouté. Et, il l’assure, « les intérêts privés d’el-Masri doivent s’effacer devant l’intérêt national en en préservant les secrets d’états ».