La confiscation par Israel des revenus palestiniens : une violation cynique du droit international.

La confiscation par Israel des revenus palestiniens : une violation cynique du droit international

Par Rick Kelly

"C’est comme un rendez-vous avec un diététicien, Les Palestiniens deviendront beaucoup plus minces, mais ils ne mourront pas." (Dov Weissglas, conseiller du premier ministre israélien par intérim, Ehud Olmert).

Les événements dans les territoires occupés suite à la victoire du Hamas aux élections du Conseil Législatif Palestinien le mois dernier ont encore démontré le mépris flagrant d’Israel et de Washington pour le droit international. La confiscation par Israel des taxes palestiniennes et des recettes douanières d’une valeur estimée à 50 millions de dollars par mois est significative des mesures illégales qui sont actuellement appliquées.

L’Administration Bush a clairement soutenu cette réponse provocatrice à la victoire électorale des Islamistes.

La saisie de la principale source de revenu indépendante de l’Autorité Palestinienne (PA) a laissé l’administration palestinienne au bord de l’effondrement et menace la Cisjordanie et Gaza de catastrophe humanitaire.

La capacité d’Israel à paralyser les finances palestiniennes provient de son strict contrôle des frontières de la Cisjordanie et de Gaza.

Presque toutes les importations des territoires occupés doivent être déchargées dans les ports et aéroports israéliens ; les autorités alors récupèrent les droits de douane et les taxes à valeur ajoutée prélevés sur les marchandises.

Chaque mois l’Autorité Palestinienne est censée recevoir cet argent, duquel Israel déduit les charges d’électricité, d’eau, et d’autres services.

L’arrangement est codifié dans "le protocole relatif aux relations économiques entre le gouvernement d’Israel et l’OLP de 1994," qui est un accord supplémentaire aux Accords d’Oslo.

La confiscation de ces revenus souligne l’hypocrisie de Tel Aviv et de Washington envers le nouveau gouvernement de l’Autorité Palestinienne dirigé par le Hamas

Non seulement les Etats-Unis exigent que le Hamas renonce à la violence et reconnaisse l’existence d’Israel, mais ils insistent également sur le fait qu’il confirme les accords Israélo-Palestiniens existants.

Cependant, une telle condition ne s’applique pas au gouvernement israélien, qui est libre de déchirer tout accord qui ne convient plus à ses intérêts.

Washington a indiqué clairement qu’il approuve les actions de Tel-Aviv.

Le 21 février, le porte-parole du Département d’Etat américain, Adam Ereli, a été interrogé sur la saisie des revenus palestiniens par Israel. "La position des Etats-Unis est que ceci est une décision souveraine à prendre par le gouvernement israélien," a-t’il déclaré. "Nous comprenons cette décision."

La position qu’Israel est autorisé à prendre "une décision souveraine" pour conserver l’argent palestinien ne se base sur rien et contredit directement le droit international.

Hormis le protocole de 1994, Israel a une série d’engagements en tant que puissance d’occupation envers les habitants de Gaza et de Cisjordanie.

En vertu des lois formulées dans le Règlement de La Haye (1906) et dans la Quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en période de Guerre (1949), Israel est obligé de maintenir la sécurité dans les territoires occupés, d’assurer l’ordre et la sécurité publics, et d’agir pour le bien-être de la population civile. Sa saisie des revenus palestiniens abrogera tous ces engagements.

Les actions d’Israel sont symptomatiques de l’effondrement général de toute considération pour les structures juridiques internationales.

Alors que l’Etat israélien a toujours cherché à nier son statut de puissance d’occupation en Cisjordanie et à Gaza et qu’il a commis d’innombrables crimes envers les Palestiniens depuis sa création, la situation actuelle diffère du fait qu’aucune administration américaine n’a auparavant autant donné de chèque en blanc à l’Etat Sioniste pour prendre les mesures qui lui conviennent.

D’ailleurs, le statut du droit international a été délibérément et systématiquement dénigré par l’administration Bush. Le soutien ouvert de Washington à la réponse illégale de Tel-Aviv à l’élection législative palestinienne est explicable seulement dans le contexte d’un penchant néo-colonial de l’Administration Bush pour affirmer son hégémonie sur le Moyen-Orient.

Les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak étaient des guerres d’agression illégales, qui ont été suivies par d’innombrables crimes de guerre des Forces d’Occupation américaines dans les deux pays, allant des abus d’Abu Ghraib, au tirs et aux bombardements sur de milliers de civils, en passant par la corruption des entreprises utilisées pour la prétendue reconstruction.

Tout ceci a été effectué sous prétexte d’apporter la démocratie au Moyen-Orient.

L’hypocrisie de cet objectif déclaré a été mise à nue après la victoire électorale du Hamas en Palestine.

Si une élection au Moyen-Orient ne fournit pas un gagnant convenablement favorable aux intérêts américains, alors Washington se sent le droit de renverser le gouvernement élu.

Après que le New York Times ait détaillé le 13 février les projets américains et israéliens pour provoquer l’effondrement de l’Autorité Palestinienne nouvellement dirigée par le Hamas, l’administration Bush n’a fait aucun effort sérieux pour réfuter l’histoire.

Washington a depuis lors annoncé que, en plus de revoir tous les secteurs de son aide à la Cisjordanie et à Gaza, y compris celle qui passe par des organisations non-gouvernementales et des agences d’aide américaines, il a exigé le retour immédiat des 50 millions de dollars qu’il a donné l’année dernière à l’Autorité Palestinienne pour le travail de reconstruction à Gaza.

La Secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice est actuellement en visite dans des pays du Moyen-Orient, y compris l’Egypte, l’Arabie Saoudite, et les Emirats Arabes Unis.

Un de ses principaux objectifs est de faire pression sur ces états pour qu’ils n’augmentent pas leurs financements à l’Autorité Palestinienne dirigée par le Hamas.

L’administration Bush a une double stratégie. En s’assurant que les Etats Arabes alignés sur les Etats-Unis ne compensent pas le déficit de financement, Washington déstabilise non seulement le gouvernement du Hamas, mais le force également à compter sur l’argent iranien.

La dépendance des Islamistes palestiniens à l’égard de Téhéran pourra alors être utilisée pour justifier publiquement la subversion des résultats des élections palestiniennes et l’agression de l’administration Bush contre l’Iran.

Israel et les Etats-Unis justifient publiquement leur embargo financier contre l’Autorité Palestinienne parce que le Hamas est une organisation terroriste avec laquelle on ne peut pas traiter à moins qu’elle satisfasse une série de demandes.

Pourtant, ce qui est vraiment impliqué, c’est l’imposition d’encore plus de souffrance sur l’ensemble de la population palestinienne. Les populations de Gaza et de la Cisjordanie sont punies pour ne pas s’être pliées aux diktats américains et Israéliens, et l’expérience a pour but de servir de leçon aux populations du Moyen-Orient.

Les déclarations de l’Administration Bush que l’aide humanitaire en dehors des structures de l’Autorité Palestinienne continuera sont purement destinées au public.

Washington sait qu’il est impossible aux organisations non-gouvernementales et aux autres institutions non liées à l’Autorité Palestinienne de palier à l’interruption les programmes palestiniens et d’être des sources d’emploi.

L’Autorité Palestinienne est le plus gros employeur en Cisjordanie et à Gaza. Une famille palestinienne sur trois dépend des salaires des 140.000 employés de l’Autorité Palestinienne.

Le paiement des salaires commence déjà à avoir des arriérés et une catastrophe humanitaire menace. Le chômage est estimé à plus de 30% à Gaza et à 20% en Cisjordanie. La moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

La retenue par Israel du revenu des taxes affecte un grand nombre de services sociaux fournis par l’Autorité Palestinienne.

Selon la journaliste de Haaretz, Amira Hass, le Ministère de la Santé n’a pas pu payer à ses fournisseurs la nourriture, l’équipement, et les médicaments de l’hôpital au cours des trois derniers mois. Le ministère emploie 13.000 personnes.

40.000 autres employés du Ministère de l’Education, qui affronte une crise non moins grave alors qu’il tente d’essayer de maintenir ses services d’éducation déjà limités pour les enfants palestiniens.

L’Autorité Palestinienne fournit également des pensions aux employés retraités, et a mis en place une assurance chômage provisoire pour les ouvriers qui sont sans emploi en raison des fermetures des frontières israéliennes et d’autres restrictions envers les travailleurs Palestiniens en Israel.

Tous ces programmes peuvent maintenant être interrompus, ainsi qu’une série d’autres projets gouvernementaux tels que des mesures de développement de l’infrastructure et d’allègement de la pauvreté.

La brutalité calculée des actions d’Israel a été soulignée par les commentaires rapportés de Dov Weissglas, conseiller du premier ministre par intérim, Ehud Olmert. "C’est comme un rendez-vous avec un diététicien," a-t’il dit lors d’une réunion du gouvernement. "Les Palestiniens deviendront beaucoup plus minces, mais ils ne mourront pas."

Selon Haaretz, les collègues de Weissglas, y compris le chef d’Etat Major de l’armée, le directeur du Shin Bet, des généraux et des hauts responsables "étaient pliés de rire" à la suite de la remarque.

Source : World Socialist Web Site

Traduction : MG pour ISM