Pour eux créer, c’est détruire. Par Badia Benjelloun.

Pour eux créer, c’est détruire

Par Badia Benjelloun

Rumsfeld n’a pas pris peine d’avertir ses laquais indigènes de Baghdad quand il a rendu visite à ses soldats de l’occupation et à son représentant , Zalmay Khalilzayd la veille de Noël et aux lendemain d’élections qui furent précédées ( et maintenant suivies ) par une recrudescence d’attaques aériennes de zones civiles.

Leur nombre s’est accru considérablement en une année. D’une vingtaine environ en janvier 2005, les attaques aériennes sont passées à 120 ce mois de novembre 2005. Nul ne peut donner le chiffre exact des civils sacrifiés lors de l’opération menée par l’US Air Force dénommée par leur état-major "Rideau d’acier" depuis début novembre sur toute la région limitrophe de la Syrie. Les officiers de cette guerre high-tech prétendent que leurs tirs ont une précision de l’ordre de 2 m2, et qu’ils ne ciblent grâce à leurs caméras que les "insurgents".

En réalité, à Qaïm, Husaybeh, Karabilah, Kamaliyat, des familles entières , qui n’ont pu fuir à temps les zones bombardées depuis le ciel , sont retrouvées ensevelies sous les décombres de leurs maisons, et les survivants parviennent tant bien que mal à les enterrer dans leurs jardins ou des aires de parkings. De ce fait, les corps ne sont comptabilisés précisément ni par les morgues ni par les médecins qui travaillent le plus souvent dans des hôpitaux de fortune comme des cours d’école à Husaybeh .

Il est aisé de comprendre que les Irakiens ne souhaitent qu’une chose, toute confession et ethnie confondues , la fin de cette occupation qui a détérioré leur niveau de vie, plus de 70% de chômage, endommagé les infrastructures élémentaires (canalisations d’adduction d’eau et des égouts, électricité) et transformé leur pays en un champ de pillage et de destruction avec une totale insécurité.

Qu’une fois encore un général du corps des Marines, Peter Pace (sic) le proclame et en fasse état sur des journaux comme le Herald Sun en dit long sur l’opinion d’une bonne partie du commandement de l’armée étasunienne, ulcérée du peu de cas fait par l’administration néocons de ses mises en garde et de ses observations faites sur le terrain des opérations. À quoi cela peut-il bien servir de payer des millions de dollars des journalistes affidés chargés de répandre des fausses bonnes nouvelles et les louanges des occupants quand le moindre des Irakiens est salué d’un Dieu soit Loué au retour chez lui d’une course chez le boulanger voisin. La possibilité de réduire l’effectif des troupes en Irak d’ici peu est liée selon les versions officielles étasuniennes à la capacité de l’armée supplétive de prendre le relais pour le contrôle du territoire.Ce 23 décembre, à un check-point de la ville d’Adhaim dans la province de Diyala, d’une parfaite mixité ethnique et religieuse, un homme armé a lancé une attaque qui a fait 8 morts et 17 blessés parmi les soldats irakiens à la solde des US. Le 3 décembre dans la même ville, après que trois embuscades de la résistance irakienne aie produit une perte de 19 collaborateurs dans les rangs de cette armée pro-US, 250 soldats du bataillon visé sur 600 ont déserté .

La prétention impériale de susciter une vocation de légionnaires en nombre suffisant rencontre peu d’enthousiasme , à la fois sur le sol étasunien même , et au-delà en Amérique Latine, dans les pays arabes (les recruteurs s’y sont essayés), même parmi les plus indigents et les plus pauvres, et a fortiori en Irak.

Ces authentiques escadrons de la mort shiites portant l’uniforme qui procèdent à des arrestations en plein jour d’hommes et de jeunes gens retrouvés quelques heures plus tard dans un fossé, les poignets liés et une balle dans la nuque font partie de la stratégie usinée par les laboratoires néoconsionistes.

Créer la diversion, fomenter la guerre civile, renforcer la division ethnique créée par l’institution fédéraliste , générer le chaos "créatif", saigner davantage ce peuple déjà bien exsangue de par les 13 années d’attaques aériennes UK-USA menées simultanément avec l’embargo et dans cette guerre de basse intensité qui ne disait pas son nom, voilà le plan de l’American Enterprise Institute . Vieux , très vieux plan colonial mais qui risque de faire encore beaucoup d’usage.

La logique aurait voulu que le gagnant de ces élections législatives irakiennes soit le parti de leurs organisateurs, or la majorité revient à l’Alliance irakienne de l’unité, regroupements de mouvements shiites victorieuse dans 9 provinces sur 18 et à Baghdad.

Le Chalabi et le Allawi, favoris sans moustaches de leurs maîtres à Washington ont recueilli l’un moins de 1%, l’autre moins de 14% contre les 20% espérés.

L’Irak démocratisé à la mode néocons, à coup de bombardements à partir de F15 , est pro-iranien.

Il est même anti-américain et n’aura de cesse de réclamer le départ des armées coalisées.

Il est aussi anti-israélien, et ne compte pas entretenir de relation diplomatique avec l’entité sioniste.

À mesure que les semaines passent , les armes qui vont frapper le pays des Perses s’affûtent. Les prédateurs tentent de parfaire la propagande de la menace nucléaire iranienne. Ils rendent consistante pour les états arabes sunnites l’improbable menace de bombe atomique iranienne pointée sur eux, et gagnent des relais merdiatiques qui amplifient démesurément les mots d’ordre néoconsionistes. Lesquels pays arabes en viennent presque à oublier que si missiles nucléaire il y a, il s’agit bien de 200 ogives israeliennes dont quelques unités viennent d’être appareillées sur les sous-marins allemands fraîchement livrés à l’état ethnique de Tel Aviv.

La Ligue Arabe , ou du moins le vestige qui en reste, menée par cette Égypte féale, voir les deux milliards de dollars US d’aide annuelle qui lui sont alloués, et les Ibn Saud , qui battent monnaie pétro-dollars vite rapatriés à Londres et à New York, a tenté d’imposer quelques sunnites au parlement fédéral. Il en a même coûté quelques tankers séoudiens dans le financement de ces élections irakiennes.

Les pays arabes sans coup férir accorderont leur sol , leur espace aérien à ceux qui voudront anéantir la possibilité de l’émergence d’une relative autonomie iranienne. Le besoin impérieux en énergie des pays d’Asie comme l’Inde et la Chine déséquilibre le rapport en créant des alliances difficiles à contrer par les USA et l’Europe. Gazprom entamera la construction du pipe-line qui desservira l’Inde, voire la Chine depuis l’Iran, en dépit de l’opposition forcenée et hystérique des Bushniks-Likoudniks.

Israël annonce comme calendrier l’échéance de mars 2006 comme date probable pour ce qu’il va tenter comme mesure de salut public moyen-oriental en ciblant des "sites iraniens", c’est aussi pour mars 2006 qu’a été annoncée l’ouverture du nouveau marché pétrolier de Téhéran libellé en euros. L’agenda mondial doit-il être ainsi appendu à la seule "sécurité" d’Israël ?

Marie et Joseph n’auraient pu de nos jours arriver à temps à destination.

Les pèlerins qui ont voulu célébrer la fête de la Nativité en Palestine ont rencontré l’obstacle de pas moins de 15 barrages militaires pour couvrir les 50 km qui séparent Nazareth de Béthléem. Ils ont dû franchir un portail ouvert dans le Mur d’annexion car il entame profondément la Cisjordanie. Bethléem est maintenant totalement isolée de Jérusalem, elle n’en est distante que d’une dizaine de km.