Cindy Sheehan, la "mère anti-guerre".

Cindy Sheehan campe depuis samedi à Crawford, au Texas, devant le ranch du président George Bush.

Jacques Coubard

L’Humanité

Cindy Sheehan campe depuis samedi à Crawford, au Texas, devant le ranch du président George Bush. Son fils, Casey, vingt-quatre ans, a été tué en Irak par une milice chiite, en avril 2004 à Sadr City, un faubourg de Bagdad. Quelques semaines plus tard, cette femme qui n’avait jamais milité dans un parti politique avait commencé à parcourir les États-Unis pour demander la fin d’un conflit qui apparaît aujourd’hui sans issue à une majorité d’Américains.

Cette fois, en quelques jours, Cindy Sheehan a trouvé un écho peu habituel dans les médias, télés, journaux dont les reporters sont venus sur place en espérant assister à l’éventuelle rencontre en tête à tête du « commandant en chef » et de la mère d’une victime. Elle a reçu à Crawford l’appui d’autres mères, d’autres familles de soldats tués en Irak, de jeunes recrues en attente de départ, d’anciens combattants, de groupes de pacifistes. Elle est appelée, interviewée sans cesse au téléphone. Deux membres du cabinet présidentiel sont déjà venus lui demander de retourner chez elle à Vaclaville, en Californie, en rappelant qu’elle avait déjà eu une entrevue avec George Bush.

Nouveau décrochage de l’opinion

C’était en juin 2004 à la Maison-Blanche, avec une quinzaine de familles dont les fils étaient tombés en Irak. Un genre de cérémonie surréaliste, décrit-elle dans une lettre ouverte. Le président n’a montré aucun sentiment réel d’humanité. Elle avait été choquée car George Bush, qui ne savait même pas le nom de son fils, l’appelait « Mom » ou « Ma » avec une familiarité irrespectueuse, dit-elle au New York Times.

La médiatisation de Cindy Sheehan intervient à un moment où les sondages enregistrent un nouveau décrochage de l’opinion envers la guerre. Cette dégradation n’est sans doute pas étrangère à l’attention qui est accordée à la mère du soldat. Les pertes quotidiennes, la mort de vingt marines d’une même unité de l’Ohio la semaine dernière, venant après la révélation du « mémo » britannique sur la préparation de la guerre par Bush et Blair avant l’attentat de septembre 2001, ajoutés à la confirmation de l’emploi programmé de la torture à Guantanamo puis à Abou Ghraib, ont peu à peu rongé une opinion emportée par la démagogie patriotique. Une nouvelle montée de la désapprobation est apparue dans les enquêtes de ce week-end : 61 % des personnes interrogées par Newsweek, contre 54 % un mois auparavant. Tandis que 57 % des sondés pour USA Today, CNN et Gallup estiment que les États-Unis sont maintenant plus vulnérables, alors que Bush avait mené sa campagne électorale en assurant que la sécurité intérieure était assurée depuis la victoire en Irak. La conduite des affaires intérieures n’est pas mieux jugée, qu’il s’agisse dans un ordre décroissant de l’économie, de l’éducation, de la politique énergétique, de l’environnement et enfin, au plus bas de l’échelle, de ses projets pour les retraites.

Annonce d’un retrait éventuel

La montée du mouvement d’opinion général pour demander la fin d’une guerre, avec Cindy Sheehan pour emblème, est plus qu’un moment gênant pour les vacances de George Bush à Crawford. L’annonce d’un retrait éventuel de 30 000 soldats au printemps prochain ne suffit plus à renverser une tendance profonde à quatre mois d’élections législatives partielles qui inquiètent aussi les faucons de la Maison-Blanche.


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