"Liberty Bound" de Christine Rose

Bonjour à toutes et à tous

J’ai assisté à la projection du film "Liberty Bound" de Christine Rose. Malgré toutes ses imperfections, ce film doit être considéré comme un document historique, comme par exemple le "J’accuse" de Zola. Il faut le voir.

 
1 - Le contenu du film.
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Il s’agit d’un documentaire dont le fil conducteur est le parcours personnel de Christine Rose, ou comment une jeune américaine (la trentaine) est devenue une activiste politique. Solidement construit sur une suite d’interviews, dont certains particulièrement percutants, le film a l’ambition d’être un essai de sociologie : comment une des plus anciennes démocraties du monde a t’elle glissé vers le fascisme. Les interviews de Howard Zinn, Michael Ruppert et Michel Parenti sont à cet égard particulièrement remarquables. Ceux qui connaissent ces personnes, leurs livres, leurs sites internet, ne seront pas surpris. Notons l’interview d’un ancien officier, harcelé pour avoir critiqué l’administration Bush dans un email, et qui se nomme - clin d’oeil amusant - Michael Moore...

2 - Les faiblesses du film
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Ce film est le premier réalisé par Christine Rose. Il rappelle "Roger and me" de Michael Moore (l’autre) .... Des maladresses techniques, quelques longueurs, et au contraire certains dialogues très rapides et difficiles à suivre. Le passage à la version française n’arrange pas les choses. La rapidité de certains dialogues rend la lecture des sous-titrages pénible... Certaines séquences sont composées un peu comme des présentations multimédia : juxtaposition de textes et images. Le sous-titreur français, qui n’a pas supprimé les textes en anglais, a dû intercaler ses traductions, une fois au dessus, une fois au milieu, une fois en dessous des textes anglais. Vu qu’il a utilisé des caractères blancs légèrement détourés de noir, on se perd un peu à rechercher l’information sur l’écran, surtout si en plus on comprend plus ou moins bien l’anglais et qu’on cherche en même temps à suivre la bande son... En fait, si l’on n’est pas entraîné à suivre des conversations en anglais, il faudrait voir le film deux fois : une première fois en lisant les sous-titres, et une deuxième fois pour déguster la version originale.

Certaines faiblesses de traduction mériteraient d’être corrigées, comme la traduction de "corporate state" en "état corporatiste", ou encore la mention de combustibles stockés dans "les tours du WTC" alors qu’il s’agit du bâtiment dit "WTC 7".

Pour ce qui concerne le contenu, on pourrait reprocher à Christine Rose de se laisser emporter, dans ses analyses personnelles, par sa colère envers l’administration Bush. Les comparaisons entre Georges Bush et Hitler peuvent sembler déplacées, surtout pour des européens. Mais il faut bien comprendre d’une part que Christine Rose insiste sur le parallèle entre les débuts de carrière de MM Hitler, Mussolini et GW Bush, et que d’autre part les américains engagés contre George Bush le sont pour la plupart parce qu’ils ne veulent pas que leur pays devienne un état totalitaire comme le sont devenus l’Allemagne et l’Italie dans les années 30. Récemment encore, un juge de New York, Guido Calabresi, qui siège à la cour d’appel de Manhattan, n’a pas hésité à faire la même comparaison : voir la couverture du "New York Sun" du 21 juin 2004. http://daily.nysun.com/Repository/getmailfiles.asp ?Style=OliveXLib :ArticleToMail&Type=text/html&Path=NYS/2004/06/21&ID=Ar00101

3 - Les points forts du film
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Les interviews ! Avec par exemple les réflexions particulièrement brillantes sur le plan politique et sociologique d’un Howard Zinn, ou les réactions d’américains de base confrontés à la dérive de leur pays vers un état policier et totalitaire. Et bien d’autres. Du vrai documentaire de combat, "à la Michael Moore" serait on tenté de dire. Mais ce qui fait la vraie valeur de ce film, c’est qu’il a été tourné pendant l’été 2003 ! A une époque où, aux Etats Unis comme en France, beaucoup applaudissaient des deux mains à la croisade Bushiste contre le "terrorisme" en Irak. A une époque où Michael Moore n’avait pas encore ressenti la nécessité de commencer "Farenheit 911". Malgré ses défauts, c’est comme cela qu’il faut apprécier ce film : le cri de colère d’une jeune américaine qui refuse l’évolution de son pays vers le fascisme et l’impérialisme, et qui n’a pas hésité à s’engager personnellement, caméra en main, pour dénoncer cela. Si l’on devait comparer Liberty Bound à d’autres films de combat sur ce thème, c’est bien cela qu’il faudrait retenir.

En conclusion
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Christine Rose n’a pas encore le métier de Michael Moore, et elle n’a malheureusement pas pu bénéficier d’une notoriété personnelle comparable pour pouvoir faire diffuser son travail dès sa sortie (automne 2003). Mais elle a été la première, et bien avant les autres. Et c’est pour cela que son film doit être considéré comme un document historique. En se replaçant dans ce contexte, et en prenant un peu de recul, par exemple en s’informant sur internet, on comprendra mieux que l’Amérique est entrain de réagir contre les dérives totalitaires.

The United States of America, we wish it, are bound to liberty.
Merci, Christine.

http://libertybound.com
http://www.takeoff-editions.com
Liberty Bound sort à Paris le 23 juin à l’Espace Saint Michel. Le 23, vers 19 h, Christine Rose sera présente pour répondre aux questions des spectateurs. Voir le site du distributeur, takeoff, pour plus d’information, notamment pour la sortie en province. Merci de faire passer l’info.

Jean-Pierre Desmoulins


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