Lettre hebdo

De : "agircontrelaguerre" À : agircontrelaguerre@yahoogroupes.fr Date : 10/06/2004 23:08 Sujet : [agircontrelaguerre] Bilan et perspectives de la manif anti Bush

25 000 contre Bush

Sommaire :

1 - Remerciements 2 - Un début de bilan du 5 juin et perspectives (réunion de la coordination de la région parisienne tenue le mardi 8 juin) 3 - Prochaines échéances 4 - Bilan financier

prochaine réunion de coordination pour la région parisienne mardi 22 juin à 19H30 au DAL 1 rue Marcadet (M° Marcadet Poissonniers).

1- Remerciements

Avant tout bilan (même si ça en fait partie) ACG remercie tous ceux qui se sont impliqués dans la mobilisation pour la manifestation du 5 juin, les centaines et centaines d’entre vous qui ont distribué des tracts autour d’eux, sur des pare-brises de voitures, dans des boîtes aux lettres, ceux qui ont posé une affiche chez un commerçant, à la sortie d’un métro... Plus particulièrement nous remercions tous ceux qui sont venus de villes de province en cars ou en voitures. Sachez que les cars qui s’organisaient de province ont été un argument décisif pour convaincre les organisations qui font partie du collectif national qu’une manifestation à Paris le 5 juin était incontournable. Ces remerciements sont aussi une exigence : nous nous sommes ainsi réunis dans un objectif commun, nous allons continuer ensemble. Nous avons besoin pour dresser un bilan complet et établir des perspectives de votre contribution : envoyez-nous vos réflexions et témoignages (ainsi que des photos pour tous ceux et celles qui en ont prises) à l’adresse agircontrelaguerre@yahoo.fr et inscrivez-vous sur la liste de diffusion d’ACG en allant sur le site http://agircontrelaguerre.free.fr

2 - Un premier bilan/perspectives de ce week-end

Résolution à l’ONU

Le vote de la résolution présentée par Bush et Blair à l’ONU a révélé le véritable sens de la visite de Bush à Paris. Désormais le gouvernement français a accordé à Bush la légitimation de la « communauté internationale ». Cela a au moins le mérité d’éclaircir la situation quant à la position de Chirac qui avait cherché à se présenter comme l’artisan de la paix et le principal opposant à Bush. Rien n’a pourtant fondamentalement changé qui justifie ce revirement. L’occupation continue sous contrôle de l’administration américaine. Le gouvernement irakien qui prendra ses fonctions le 30 juin est un gouvernement fantoche dirigé par un proche de la CIA. L’armée américaine garde la haute-main sur l’Irak.

De la même manière qu’avant l’agression de l’Irak nous disions ’ONU ou pas, cette guerre on n’en veut pas’, nous disons ’ONU ou pas, l’occupation reste un crime’. Dans ce contexte la manifestation du samedi 5 juin était cruciale : elle a montré que le mouvement de résistance reste rivé à ses objectifs, la fin des occupations, en Irak, en Palestine et en Tchétchénie, la défaite d’un projet politique et d’une dynamique de domination de la planète qui menace d’embraser aussi l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine.

Elle était d’autant plus cruciale que ce revirement de Chirac montre paradoxalement la force du mouvement international de résistance : tous les dirigeants des grandes puissances, quels que soient leurs désaccords entre eux (et ces désaccords n’ont pas disparu c’est-à-dire la poursuite d’intérêts spécifiques aux différentes puissances qui sont aussi en concurrence les unes avec les autres), craignent d’être mis en danger par le mouvement de solidarité internationale qui unit les opposants à la guerre en Grande-Bretagne, en Italie, aux Etats-Unis avec les peuples en lutte en Irak, en Palestine et en Tchétchénie. Ce ne sont pas seulement Bush et Blair qui sont fragilisés par ce mouvement mais tout un système de domination de la planète. C’est ce qu’ont compris Poutine, Chirac et Schröder.

Conséquences pour le mouvement antiguerre

Ce revirement français et cette ’couverture’ donnée par l’ONU à la continuation de l’occupation, vont créer des débats qui vont fragiliser un mouvement antiguerre déjà très faible en France. En témoignaient déjà le refus du PS ou de la direction de la CGT d’appeler à une manifestation contre la venue de Bush au nom de «  valeurs communes » censées être illustrées par les cérémonies de la commémoration du débarquement (il faut noter l’absence totale de référence dans ces cérémonies au rôle joué par les troupes venues d’Algérie ou d’Afrique occidentales....). En témoignaient aussi la ’timidité’ (pour ne pas dire plus) de différents courants ayant participé aux mobilisations contre la guerre. La guerre en Irak, l’occupation n’ont aucune légitimité comme l’occupation en Palestine ou en Tchétchénie, que tous les principaux dirigeants de la planète les soutiennent ou les condamnent. Hier, comme le 5juin et comme demain, ce qui est légitime est la résistance à ces occupations. Mais il risque d’y avoir encore plus de flottements dans certains courants pour construire cette résistance maintenant que l’occupation est légitimée par l’ONU. Pour cette raison-là aussi, le succès de la manifestation est crucial. En l’absence de réaction, le mouvement contre la guerre et les occupations en France serait mort pour au moins de longs mois et aurait eu énormément de difficultés à relever la tête.

La manifestation

La mobilisation pour cette manifestation a principalement dépendu du réseau constitué par Agir Contre la Guerre, des centaines voire milliers de tous ceux et celles qui se sont emparés des centaines de milliers de tracts et des milliers d’affiches pour faire le travail largement délaissé par la plupart des structures militantes. Il a dépendu aussi du réseau créé par plusieurs courants du mouvement de solidarité à la Palestine et le Collectif des musulmans de France . Enfin dans les dernières semaines des organisations comme la LCR etles Verts, ont aussi participé à la mobilisation. Des associations locales n’ont pas hésité à relayer aussi l’appel à la mobilisation, même si les structures nationales étaient beaucoup plus "réticentes".

C’est cela qui a assuré le succès de la manifestation. Succès quantitatif d’abord : si nous n’avons pas assuré le comptage des manifestant(e)s, nous pouvons assurer que nous étions plus nombreux que le chiffre avancé par la police : 12 000. En effet alors que notre cortège (qui n’était pas en tête) dépassait la place de la République, la queue de la manif n’était pas encore partie de Bastille (vue du camion d’ACG, confirmé par ailleurs par une dépêche AFP). Nous estimons que cette manifestation a rassemblé environ 25 000 personnes.

Pourtant, nombre d’organisations estimaient dix jours auparavant qu’il n’était pas possible d’organiser autre chose qu’un rassemblement !

Cette manifestation n’a pas été qu’un succès quantitatif. La nature de cette manifestation, la colère et la détermination étaient impressionnantes - notamment parce que nombre de ceux et celles qui étaient présent(e)s avaient d’une manière ou d’une autre participé activement à la mobilisation ! C’est cela qui a donné un sentiment de confiance et redonné espoir. Nous avons reçu quantité de témoignages allant dans ce sens.

A noter à ce sujet la quantité d’argent qui a été collectée à cette manifestation à travers des collectes mais aussi la vente de T- shirts : 5600 euros (auxquels il faut ajouter 1500 euros collectés par le car venu de Marseille et Montpellier pour combler leur déficit), soit plus de 7 000 euros récupéré sur la manif...

Enfin cette manifestation a permis de renforcer les liens avec différents courants du mouvement antiguerre (notamment les associations du mouvement de solidarité avec la Palestine et le Collectif des Musulmans de France), chose qui sera fondamentale pour le développement ultérieur du mouvement antiguerre.

Les limites de cette mobilisation

Dans ce contexte (faiblesse du mouvement antiguerre en France, absence de volonté de mobilisation de la part de nombreux courants), cette manifestation a été un succès éclatant. Mais cela ne doit pas masquer les limites. Nous n’avons pas manifesté le 5 juin ’pour la gloire’. Nous avons manifesté parce que le mouvement de résistance internationale est l’obstacle principal pour la dynamique de la guerre sans limites. Nous voulons que ce mouvement impose une défaite irréversible à ce projet qui est guerrier, sécuritaire et raciste, nous voulons imposer la fin des occupations, le retrait des troupes en Irak, en Afghanistan, en Palestine, en Tchétchénie... Pour cela il faut bien plus de 25 000 manifestants à Paris quand quelqu’un comme Bush vient. L’écho que nous avons eu en diffusant des tracts, en collant des affiches, le mouvement qui s’est mis en marche à cette occasion a montré que les réserves potentielles sont immenses, dans les quartiers, dans la jeunesse mais aussi dans les entreprises... Il faut donc tout faire maintenant pour contribuer à l’élargir.

Plusieurs pistes

1 - impliquer ceux qui ont participé à cette mobilisation

Nous appelons tous ceux qui ont participé à cette mobilisation à construire ACG, en rejoignant un collectif existant, en commençant à regrouper quelques personnes autour d’eux/elles, sur leur quartier, leur fac, leur lycée pour monter un collectif, en restant simplement en contact avec ACG pour pouvoir relayer des initiatives. Des cartes de membres d’ACG ont été produites à l’occasion de cette manifestation. Inscrivez-vous sans attendre, proposez à vos amis, vos collègues...d’en faire autant. Dans ces prochaines jours nous proposons à tous les collectifs locaux d’organiser des réunions pour inviter tous ceux et celles qui ont participé à la mobilisation.

2 - favoriser le regroupement des courants dans un même mouvement

Il faut nationalement, comme localement, contacter toutes les structures militantes, associatives, syndicales ou politiques avec lesquelles nous avons mobilisé ou qui seraient susceptibles de le faire, pour travailler ensemble. A l’échelle d’ACG nous voulons proposer à ces structures de venir prendre toute leur place dans notre construction.

C’est dans cette optique que nous voulons organiser une Assemblée générale constitutive d’ACG à la rentrée (proposition de date : le samedi 11 septembre).

3 - Plusieurs échéances :

Il s’agit d’unir pour agir, pour continuer à exprimer notre lien avec le mouvement international et construire le rapport de force avec les politiques guerrières.

30 juin Le 30 juin auront lieu des manifestations de divers ordres pour contester la légitimité et dénoncer l’hypocrisie du pseudo ’transfert de souveraineté’ au peuple irakien. Nous proposons à toutes les forces antiguerre d’organiser une initiative (rassemblement de rue, prises de paroles, concert) à Paris. Nous proposons aussi aux collectifs de province d’organiser dans leur ville une initiative le même jour.

FSE Le prochain Forum social européen aura lieu à la mi-octobre à Londres. Ce forum réunira des dizaines de milliers de personnes pour débattre et échanger les expériences. Ce sera le lieu de rencontre de tous les mouvements antiguerre européens. Une gigantesque manifestation aura lieu à l’issue de ce forum. Londres est un des cours de la résistance à la guerre : en novembre dernier un car affrété par ACG s’était rendu à Londres pour participer à la manifestation contre la venue de Bush. Bien que cette manifestation ait eu lieu un après-midi de la semaine (le jeudi) elle avait réuni 300 000 manifestant(e)s ! Nous devons prévoir d’organiser la mobilisation (avec des transports en cars) pour cette manifestation.

Assemblée d’ACG L’assemblée d’ACG mi-septembre sera donc à la fois l’occasion d’élargir et d’organiser notre mouvement mais aussi idéalement placée pour organiser la mobilisation pour cet événement.

Des Etats-Généraux partout !

Les Etats Généraux d’ACG ont été interdits. Cela a bien sûr été un handicap dans la mobilisation pour le 5 juin. Mais l’organisation de débats (sur la stratégie du mouvement, sur la situation internationale, sur l’histoire...) est importante pour permettre de développer un mouvement qui sache développer une stratégie capable d’unir des courants différents et faire vivre les débats qui en découlent. Dans les semaines qui viennent nous proposons que les collectifs locaux organisent des réunions qui permettent de rassembler tous ceux et celles qui ont participé à la mobilisation, d’organiser des apparitions publiques sur les marchés, les facs mais aussi de discuter de la situation et de comment construire un mouvement antiguerre. Sur Paris nous sommes par ailleurs en lien avec la coordination des comités Palestine qui organise une journée sur Montreuil le 27 juin.

La réunion de la coordination parisienne du mardi 8 juin a donc décidé :

-  la constitution de plusieurs équipes (commissions) chargées
-  a / de préparer une initiative le 30 juin
-  b/ de préparer l’Assemblée de septembre
-  c/ de préparer la mobilisation pour le FSE

N’hésitez pas à nous contacter si vous voulez participer à une de ces commissions. Pour les collectifs de province contactez Julien ( 06 16 42 27 87)ou Denis (01 42 62 24 45) pour pouvoir vous relier à ce travail.

Pour favoriser le travail local des collectifs dans les jours qui viennent il a été décidé que la prochaine réunion de coordination pour la région parisienne aurait lieu le mardi 22 juin à 19H30 au 1 rue Marcadet (M° Marcadet Poissonniers). Nous incitons tous ceux qui reçoivent ce bulletin :
-  à contacter le collectif le plus proche
-  pour ceux qui sont sur la région parisienne à venir à cette prochaine réunion

Appel à photos

Tous ceux qui ont pris des photos, filmé ou enregistré la manif, faites nous parvenir ce que vous avez (si possible en format informatique à agircontrelaguerre@yahoo.fr) pour qu’on puisse mettre en ligne. Il n’y a rien de mieux pour rendre l’esprit de la manifestation.

....et écrivez-nous à l’adresse mail pour donner vos idées, vos témoignages...

Nous étions 25 000... nous serons des millions !

4 - Bilan financier Pour mobiliser pour la manif anti Bush, ACG a dépensé 9 000 euros :
-  4 500 euros pour 300 000 tracts, 30 000 affiches
-  1 300 euros pour les panneaux
-  1 000 euros pour le camion sono
-  2 150 euros pour les tee-shirt
-  850 euros divers (seaux, colle, agrafeuses...)

Nous avons réussi à collecter centralement 5 600 euros à la manif plus 1500 euros dans les tables de mobilisation soit 7 100 euros

Il nous faut donc trouver 1 900 euros pour équilibrer le budget. Il nous reste environ 150 tee-shirt à vendre (10 euros pièce)

N’hésitez pas, achetez du matériel, organisez une collecte, faites un don...

Vous pouvez faire un virement à : Agir contre la guerre - Coordination des collectifs - RIB n° : 10278 - 06039 - 00020136641 (clé RIB 09) - CCM Paris Montmartre GDS

Chèque à l’ordre d’Agir contre la guerre - Agir contre la guerre, 11 rue d’Enghien, 75010 Paris

N’oublions pas : ils sont quelques uns, nous sommes des millions !