Jacques Chirac donne son feu vert à George Bush sur l’Irak

La rencontre de samedi entre les présidents français et américain et les cérémonies du 6 juin ont permis de mettre en scène une réconciliation entre Paris et Washington. La France devrait voter la résolution américano-britannique organisant le "transfert de souveraineté" aux Irakiens. Une quatrième version du projet de résolution américano-britannique doit être présentée, lundi 7 juin, au Conseil de sécurité de l’ONU. Il n’y a "plus de réel obstacle", a déclaré l’ambassadeur algérien, Abdallah Baali tandis que l’ambassadeur américain, John Negroponte a indiqué que "l’idée était de voter dans la journée de mardi".

La France a proposé un amendement demandant que le gouvernement de Bagdad donne son accord "pour les opérations offensives sensibles". Colin Powell, secrétaire d’Etat américain a assuré que les discussions avec Paris ne portent plus que sur "des détails". Le premier ministre irakien, Iyad Allaoui a sous-entendu que des forces internationales devraient rester en Irak au moins un an, jusqu’à ce que le pays soit "capable de gérer seul les questions de sécurité".

Bush et Chirac Malgré l’approbation probable de la résolution sur l’Irak, les divergences persistent toujours entre les deux chefs d’Etat et risquent de se décliner tout au long du mois de juin à l’occasion des différents rendez-vous internationaux, à commencer par le G8 de Sea Island, en Géorgie, qui doit débuter mardi soir. Le président américain a même interrompu la conférence de presse après que Jacques Chirac ait parlé de "la précarité" de la situation en Irak. La tension entre les deux hommes, perceptible lors de cette conférence de presse, s’est atténuée lors des cérémonies du Débarquement lorsqu’à Colleville, Jacques Chirac a dit "la France n’oubliera jamais".

Bush et l’Irak La décision des Etats-Unis d’envahir l’Irak n’a pas été prise à la hâte, a déclaré dimanche le président Bush à la chaîne NBC. "Si vous recherchez des parallèles avec la seconde guerre mondiale, cela a pris environ quatre ans pour obtenir un effort actif de reconstruction", a-t-il avancé, précisant qu’il ne serait pas nécessaire de réinstaurer l’appel sous les drapeaux. "Je n’essaie pas d’être populaire. Ce que j’essaie de faire est ce que je pense être juste", a-t-il ajouté.

Une quarantaine de personnes ont trouvé la mort au cours du week-end en Irak dans différents attentats ou attaques bien que le calme soit revenu à Nadjaf, où la trêve semble se concrétiser. Le chancelier Gerhard Schröder a estimé qu’on ne pouvait pas établir de comparaisons entre la guerre contre le fascisme et la guerre en Irak, comme l’a fait le président Bush.

Jacques Chirac et Gerhard Schröder ont célébré la fraternité franco-allemande qu’ils ont illustrée par une longue accolade. "Cette cérémonie témoigne devant le monde qu’il n’est pas de conflit, fut-il douloureux et profond, qui ne puisse un jour laisser place au dialogue et à l’entente",a déclaré le chef de l’Etat au mémorial de Caen, ajoutant "les Françaises et les Français vous reçoivent plus que jamais en ami. Ils vous reçoivent en frère". Gerhard Schröder a déposé une gerbe sur la tombe d’un soldat inconnu allemand au cimetière militaire de Ranville. "Nous, Allemands, nous sommes conscients de notre responsabilité face à l’Histoire et nous l’assumons entièrement", a-t-il déclaré, évoquant la mémoire des 642 victimes du massacre d’Oradour-sur-Glane. "La France et l’Allemagne n’ont jamais été aussi proches", a-t-il ajouté.

Les vétérans ont été les véritables vedettes de ce 60e anniversaire du Débarquement où se sont pressés près d’un million de personnes, tenues la plupart du temps à l’écart des cérémonies. Ces "soldats de la liberté" ont raconté leur épopée, pleuré sous le coup de l’émotion et sont repartis, pour certains, avec du sable des plages dans leur poche.

• ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU MONDE DU 08.06.04