G. Achcar lors du FSE
Il existe deux oppositions à la guerre en Irak : l’une de l’intérieur du système impérial, sur l’opportunité de la guerre en termes de risques/enjeux et contre « l’unilatéralisme » états-unien ; l’autre anti-guerre et anti-systémique (anti-impérialiste), récusant le droit des grandes puissances - avec ou sans feuille de vigne onusienne - à gendarmer le monde au gré de leurs intérêts. Les gouvernements allemand, français et russe contestent l’hégémonie impériale des Etats-Unis en défense de leurs propres intérêts impérialistes : ils voient d’un mauvais œil la mainmise unilatérale de Washington sur le gros des ressources pétrolières mondiales. Ils souhaitent une action concertée du système, à travers l’OTAN ou l’ONU pour Paris, à travers l’ONU pour Moscou. Le mouvement anti-guerre, qui a rejailli puissamment contre la guerre d’Irak, ne saurait prendre parti pour l’un ou l’autre de ces rapaces. Il ne peut exister - et surtout se renforcer là où il peut être le plus efficace, c’est-à-dire aux Etats-Unis même - que s’il s’affirme nettement comme opposition à toutes les guerres hégémoniques, à toute prétention des grandes puissances à régenter le monde et en défense du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes - le peuple irakien comme le peuple tchétchène, le peuple palestinien comme les peuples africains. Propositions alternatives L’union européenne ne saurait constituer une alternative à l’hégémonie des Etats-Unis en opposant ses propres ambitions impériales à celles de Washington et en se lançant dans une course aux armements, aussi insensée que ruineuse pour ses populations. Il faut opposer au modèle impérialiste un modèle pacifiste et progressiste, fondé sur le désarmement et le recyclage des sommes consacrées aux armées à des fins de sécurité sociale et d’aide au développement des pays pauvres. Mise en oeuvre Poursuite de la construction en cours d’un mouvement combiné d’opposition aux assauts du néolibéralisme contre les populations travailleuses et d’opposition aux assauts des puissances dominantes contre les pays les plus vulnérables. Seul un mouvement populaire de grande ampleur, capable de changer les gouvernements des pays dominants, sera en mesure de changer le monde. Un autre monde n’est possible qu’à cette condition